La grossesse est bien souvent synonyme de difficultés, que ce soit sur le plan physique ou psychique. Les difficultés peuvent aller des simples maux de grossesse classiques à des difficultés nécessitant une médicalisation.
La grossesse est une période de transformation sur le plan physique, mais également sur le plan cognitif. Ces transformations sont notamment en lien avec des changements hormonaux spécifiques à chaque stade de la grossesse.
Le fonctionnement cognitif général, la mémoire (mémoire de travail et épisodique) et les fonctions exécutives (planification, inhibition et flexibilité) des femmes enceintes sont significativement inférieurs à ceux des femmes non enceintes, particulièrement lors du troisième trimestre. Une diminution du volume de la matière grise impliquée dans la cognition sociale serait à l’origine de ces troubles. Au cours de la grossesse, le cerveau de la mère évolue pour être très sensible aux bébés et à leurs besoins.
De nombreuses femmes rapportent une augmentation des oublis. La baisse de performance est perceptible par la femme et son entourage mais affecterait peu la réalisation de tâches complexes, notamment au travail.
Ces différents changements engendrent des difficultés à penser, des pensées uniquement tournées vers son bébé, des difficultés de concentration et des troubles de la mémoire. Les troubles du sommeil, notamment au cours du troisième trimestre, peuvent exacerber ces changements.
Les changements hormonaux augmentent la sensibilité émotionnelle. Vous pouvez donc être plus sensibles à certaines informations que d’habitude. De plus, la grossesse est une période de vie propice aux angoisses. Vous pouvez de ce fait être plus prudentes et prendre moins de risques.
Bien que les maux de grossesses soient courants, ils n’en restent pas moins difficiles à vivre. Ils impactent le sentiment de bien-être émotionnel et peuvent engendrer une lassitude.
Les maux de grossesse sont différents selon le stade de la grossesse. Vous retrouverez notamment en fonction de l’avancée de la grossesse :
Bien que certains maux de grossesse soient plutôt bien vécus, d’autres peuvent vite devenir un calvaire. C’est notamment le cas des nausées et vomissements dans le cas de l’hyperémèse gravidique. Un accompagnement psychologique est souvent nécessaire pour permettre aux femmes de mieux gérer l’impact émotionnel en lien et prévenir de la dépression.
La grossesse est dite médicalisée pour la menace d’accouchement prématurée (avec cerclage ou non et alitement), le diabète gestationnel, l’hypertension, l’hyperémèse gravidique, les problèmes de développement du foetus etc.
La médicalisation de la grossesse impacte le plan psychologique. En effet, il vous faut souvent faire un deuil de la grossesse imaginée. De plus, les inquiétudes pour vous et votre enfant sont sources d’anxiété voire de dépression.
Lors d’une grossesse à risque dès le commencement de la grossesse, certains parents ont des difficultés à s’impliquer émotionnellement dans la grossesse. Ils peuvent vivre dans la peur permanente de perdre leur enfant et ont le sentiment d’aller de déconvenue en déconvenue.
Bien que très peu abordée, la dépression prénatale toucherait 10 à 20% des femmes enceintes. 10 à 15% des hommes sont également touchés par la dépression prénatale. Elle peut survenir dans différents contextes : la primiparité (premier enfant), les antécédants de fausse couche, les parcours PMA, la découverte d’une malformation foetale, les antécédents de dépression, une forte anxiété et du stress, des difficultés de couple et un isolement…
Elle peut se manifester par :
Les femmes n’osent pas parler des difficultés qu’elles rencontrent car elles ont peur d’être stigmatisées. La grossesse engendre de nombreux bouleversements tels que des modifications corporelles, ne plus boire d’alcool, ne plus fumer, faire attention aux médicaments pris, faire attention à son alimentation, peur de faire du mal à son enfant et ne plus oser faire certaines choses. Il est normal de ne pas toujours bien vivre ce moment !
Un accompagnement psychologique est indispensable dans le cas d’une dépression prénatale. D’autant plus que, 40 à 60% des femmes présentant une dépression post partum présentaient déjà des signes de dépression pendant la grossesse.
Le déni de grossesse se définit comme le fait de ne pas avoir conscience d’être enceinte une fois le premier trimestre terminé. Il s’agit d’un trouble de la gestation psychique. La grossesse n’est pas visible et les maux de grossesses ainsi que les règles sont absents. Les adolescentes sont une population plus à risque.
Il existe deux types de dénis de grossesse :
Un déni de grossesse peut être un mécanisme de défense inconscient afin de protéger la femme (exemple : angoisse de porter un enfant, traumas sexuels ou de l’enfance, contexte familial compliqué).
L’annonce de la grossesse est souvent un choc, surtout pour le déni de grossesse complet. L’homme et la femme se retrouvent projetés dans un rôle de parent qu’ils n’avaient pas envisagé. Des inquiétudes sur la santé de l’enfant peuvent survenir, notamment quand les recommandations en lien avec une grossesse n’ont de fait pas été suivies (alcool, tabac, habitudes alimentaires).
Comment devenir parent en si peu de temps ? Les parents peuvent être confrontés à un refus de la parentalité, à des difficultés à créer des liens avec leur bébé et donc des difficultés d’attachement. L’accouchement non préparé peut être vécu comme un traumatisme. Tout ceci doit être accompagné avec d’un suivi adapté.
Après l’accouchement, les parents sont libres de garder leur enfant ou d’effectuer un accouchement sous X et de faire adopter le bébé.
Dans le cas d’une adoption, la question de laisser ou non des informations à l’enfant se posera et devra être accompagnée.
Manon Nisol est psychologue spécialisée en périnatalité à l'Isle-sur-la-Sorgue